Sarkozy, l'ère du fric décomplexé
On croyait connaître Nicolas Sarkozy sur le bout des doigts et on était
loin du compte ! Quoi, un vingtaine de biographies en librairies, des
centaines d'enquêtes dans les journaux, des millions de post sur le
Web, et pourtant on se sent surpris par l'escapade maltaise et nautique
du futur président. Que l'élu du peuple s'affiche ainsi sans fausse
pudeur au Fouquet's avec ses amis (Bouygues, Lagardère et Barrière),
qu'il parte sur un yacht de luxe de son autre ami Vincent Bolloré, en
empruntant son avion, nous transporte au-delà des craintes que nous
affichions sur ce que serait le contenu de son mandat. Nous voici donc
fixés : le règne républicain de Nicolas Sarkozy sera celui du fric
étalé, du mauvais goût assumé. Berlusconi le dit lui-même : « Sarkozy m'a pris comme modèle! ».
On prie pour que le président élu n'imite pas l'ancien président du
conseil italien jusque dans sa mainmise sur les médias et même son
attitude conjugale (enfin, dans ce cas, c'est son problème…)
Avant le deuxième tour, Sarkozy , déjà triomphant, annonçait : « plus que 48 heures pour dire adieu à mai 68 ».
Ceux qui l'ont applaudi doivent se demander aujourd'hui vers quel
nouvel horizon idéologique veut les emmener leur leader : ils ont la
réponse sous les yeux. Elle est désastreuse au plan culturel (les
paillettes), comme au plan social. En seulement trois jours de vacances
en « famille », le nouveau président a « craqué » 100 000 euros,
l'équivalent de 8,5 années de revenu pour un travailleur au Smic. « Je ne m'excuserai pas »
s'exclame Sarkozy ce matin sur Europe 1. On sait que c'est un terme
qu'il déteste. Mais au fait, qui va payer la note ? L'Elysée? Il n'est
pas encore président et ne peut demander à l'Etat d'honorer ses
frasques. Le groupe Bolloré ? Ce serait de l'abus de bien social. Non,
c'est officiellement Vincent Bolloré lui-même, sur sa cassette
personnelle. Comme son groupe n'est pas coté en bourse, on ne pourra
probablement jamais le vérifier.
Bolloré vient de nous dire, en
substance: circulez, il n'y a rien à savoir sur le sujet, comme
l'entourage du président de l'UMP le faisait pour l'appartement de
l'Ile de la Jatte. Dans ce cas, Sarkozy se coulerait dans le moule de
Chirac. Ce serait la rupture dans la continuité !
Mercredi 09 Mai 2007
Hervé Nathan
Source: http://www.marianne2007.info/...